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Digital : le Syntec interpelle les candidats à la présidentielle

« La France est n’est pas assez armée en matière de digital ». En pleine période d’élections présidentielles, Godefroy de Bentzmann, président du Syntec, veut mettre le digital au centre des débats.

Godefroy de Bentzmann

Pouvoirs publics, mobilisez-vous !

A la tête du Syntec, Godefroy de Bentzmann se bat pour une réelle prise de conscience par les politiques des enjeux digitaux. « Sur les 577 députés de l’Assemblée Nationale, ils ne sont aujourd’hui qu’une dizaine à savoir vraiment de quoi ils parlent ». Quant aux candidats à l’élection présidentielle, le président du Syntec alerte : « ils ne doivent pas se tromper de combat. Les candidats multiplient les visites « médiatiques » dans les start-ups, mais semblent oublier que toutes les entreprises sont concernées par la transformation numérique ».  S’il faut bien sûr valoriser nos success stories digitales, il rappelle que c’est bien dans les grands groupes et surtout dans les PME que se trouve aujourd’hui la majorité de l’emploi en France. « Usine 4.0, big data, Intelligence Artificielle : les innovations de demain émergeront des moyennes et des grandes entreprises ». Or le problème selon Godefroy de Bentzmann, c’est que faute d’un cadre fiscal et règlementaire favorable, ces entreprises n’osent malheureusement pas s’investir à fond dans le digital…

Sécuriser et améliorer le CIR : une première mesure indispensable

C’est la première source de financement publique des projets de R&D, et aussi une des plus compliquées. Créé en 1983, le crédit d’impôt recherche (CIR) est une réduction d’impôt calculée sur la base des dépenses de R&D engagées par les entreprises. S’il permet d’amortir et de financer des investissements dont on n’est pas certain de leur rentabilité, il pose cependant quatre problèmes. « Il ne concerne que les entreprises rentables, s’obtient au bout de 3 ans seulement, ses conditions d’obtention sont peu claires et débouchent sur des audits systématiques pointilleux et changeants ». Un « hydre fiscal » qui met l’entreprise en état risque permanent. « Il faudrait plus de constance dans les règles, plus de visibilité pour les dirigeants et une meilleure connaissance des contraintes entrepreneuriales par les contrôleurs ». Mais le CIR n’est que le service minimum, il faut aller plus loin…

Lancer un « plan Marshall de la transformation numérique »

Pour aider vraiment les entreprises, en particulier les PME, peu armées face au digital, Godefroy de Bentzmann souhaite un « plan Marshall de la transformation numérique qui permette une transformation profonde des entreprises françaises ». A ce titre, il envisage le poste de Ministre du numérique comme celui d’un CDO en entreprise : « le Ministre du numérique doit faire pour son pays ce que le CDO fait en interne pour son entreprise : faciliter et impulser une transformation digitale radicale de l’ensemble de notre tissu économique ». Parmi les initiatives qu’il soutient, la sécurisation du CIR, mais pas seulement : « il faut baisser les charges et assouplir le droit du travail en matière de formation, de recrutement et de départ à la retraite. On ne réalisera pas la transformation numérique uniquement avec du suramortissement de machine-outil : il faut donner aux entreprises les garanties fiscales et règlementaires pour qu’elles s’engagent sans hésiter ».

Créer des « Airbus du numérique »

Mais les enjeux digitaux ne s’arrêtent pas aux frontières hexagonales. Pour Godefroy de Bentzmann, face aux GAFA américaines, la France ne s’en sortira pas seule. « L’avenir de nos entreprises se joue au niveau européen ». Sur des sujets comme la fiscalité ou la protection des données par exemple, les règles communautaires doivent être débattues à Bruxelles, pas au Sénat. Mais l’Europe est aussi une zone économique de taille offrant d’innombrables possibilités. « Si les premières batailles ont été gagnées sur le web par les mastodontes de la Silicon Valley, il y a encore plein de sujets saisir ». A l’image d’Airbus, il imagine la création de champions européens autour de l’dentité numérique, de la blockchain ou encore de la santé connectée. « 70 % des emplois de 2030 n’existent pas encore. C’est maintenant qu’il faut, collectivement, les imaginer ».