EI-Technologies souhaite associer l’humain et le digital au cœur de sa stratégie de développement
A la tête d’EI-Technologies, Béchara Raad souhaite faire de sa société la « première entreprise de conseil française humaine et digitale » pour ses clients et ses collaborateurs. Explication.
Maîtrise de l’information : des entreprises plus fortes que les États
Il y a quelques années, les organisations gouvernementales comme la CIA ou la NSA détenaient les clés de l’information, et, in fine, du pouvoir. Mais aujourd’hui avec le digital, certaines entreprises sont plus puissantes que les États. « Je pense notamment aux GAFA (Google Apple Facebook Amazon) qui récoltent, stockent et analysent des montagnes de données sur des milliards d’internautes à travers le monde ». Et pour Béchara Raad, grâce à la démocratisation de la data science, des réseaux sociaux et de la baisse des coûts des technologies du digital, toutes les entreprises auront bientôt une certaine forme de pouvoir. Or le problème avec la data, c’est qu’elle n’a pas de frontières : sa circulation peut donc difficilement être régie par des lois nationales. Conséquence ? « Les entreprises ont la responsabilité morale de l’exploitation des données ».
Selon Béchara Raad, cette responsabilité doit engager tout le personnel, de la direction aux commerciaux, en passant par la DSI. « Les valeurs de l’entreprise doivent être clairement énoncées et transmises à ses employés, mais aussi à ses partenaires, son board… et surtout à ses clients ». Car l’enjeu n’est pas seulement moral, il est aussi économique : « Au 21ème siècle, à l’heure d’Internet et des lanceurs d’alertes, une entreprise sans valeurs n’aura plus de clients… Il suffit de suivre un peu l’actualité et les différents scandales pour s’en rendre compte ».
Le digital, “good or evil”?
Mais concrètement, de quelles « valeurs d’entreprises » parle-t-on ? « Il s’agit de valeurs bénéfiques à l’entreprise et à tout son écosystème, favorisant le bien-vivre ensemble et le respect de l’individu » explique le PDG. Problème : la tentation d’utiliser le digital à mauvais escient est grande quand on fait des affaires. Au centre des problématiques actuelles, la data, encore et toujours. Béchara Raad prend l’exemple des cartes Monetico qui remplacent progressivement les tickets restaurants. « Bien utilisées, les données sur les comportements alimentaires permettent aux employés de surveiller leurs dépenses et de suivre leur alimentation. Mais elles peuvent aussi être mal utilisées par certains managers désireux de traquer le personnel, ou par des compagnies d’assurance peu scrupuleuses qui font varier les prix des contrats en fonction du nombre de calories avalées par jour ». Autre exemple : le magasin très connu d’une grande enseigne place de l’Opéra, où le PDG s’est aperçu que la plupart des achats sont effectués en espèces : « L’enseigne garde-t-il ces informations sur ses clients ? Si oui, qu’est-ce qui nous en garantit le bon usage ? » Deux cas concrets qui montrent bien que le digital est un outil formidable…dans les bonnes mains. « Finalement, ce qui fera la différence entre les entreprises, c’est l’utilisation qu’elles font de la donnée. L’orienter relation-client, c’est promettre un meilleur service au consommateur. L’orienter data et monétisation sans limite, c’est rompre la relation de confiance ».
Management et accompagnement client : les initiatives d’EI-Technologies
Loin du déclaratif, Béchara Raad veut appliquer ces valeurs éthiques au quotidien dans son entreprise. Là encore, un exemple vaut mieux que de longs discours. « En tant que société de conseil, la plupart de nos consultants sont en déplacement chez le client. Pour renforcer le rapprochement des équipes, l’un d’entre eux a récemment proposé de développer une application qui, grâce à la géolocalisation, permet de retrouver un collègue pour déjeuner ou prendre un verre après le travail. Problème : une telle initiative peut être vue comme du « flicage » si elle vient de la direction. Nous avons donc donné notre aval, mais cette application dépendra uniquement du Comité d’Entreprise : la direction n’y aura aucun accès ». Pour Béchara Raad, c’est d’abord par ce type de « petites » initiatives que l’éthique digitale doit s’appliquer en interne. Il va cependant plus loin : « Nous appliquerons la même exigence éthique dans notre offre et la façon d’accompagner nos clients, en ne travaillant que sur des projets qui vont dans le sens du client final, et non pas contre lui ».
Le mot de la fin ?
« Chez EI-Technologies, nous sommes persuadés que l’éthique en matière de digital est tout aussi importante que les autres sujets RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale des entreprises), car elle touche aux droits fondamentaux de l’être humain. A notre niveau, nous souhaitons aujourd’hui lancer le débat autour de ces questions et serions ravis de pouvoir en discuter ».